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Phelipe Soldevila : des personnages délirants aux paysages abstraits

Phelipe Soldevila devant sa murale à Sainte-Foy. Crédit photo : Phelipe SoldevilaPhelipe Soldevila devant sa murale à Sainte-Foy. Crédit photo : Phelipe Soldevila

D’un quartier à l’autre, les œuvres de Phelipe Soldevila se démarquent dans le paysage artistique de Québec. On a discuté avec lui de ses styles graphiques, de l’évolution de son travail et de son rapport à l’art mural.

Par Estelle Lévêque

Dans son atelier du quartier Saint-Jean Baptiste, Phelipe Soldevila réalise des peintures au style abstrait. En parallèle, il consacre une partie de son temps à l’art mural. Pratiques initialement ancrées dans des styles graphiques bien différents, l’artiste crée progressivement des ponts entre elles.

Prendre un pas de recul

Phelipe peint sur les murs depuis qu’il a 16 ans. Il commence avec le graffiti, puis développe une démarche un peu plus axée sur le personnage et l’abstraction que sur le lettrage. Alors qu’il réalise des murales chaque été depuis une vingtaine d’années, la situation des deux dernières années l’a poussé à prendre un peu de recul.

«J’ai un peu pris conscience que j’avais de plus en plus besoin de calme, de m’éloigner un peu des frustrations urbaines. J’ai eu besoin de me concentrer sur d’autres choses : je me suis demandé ce que c’était que de cuisiner, jardiner ou même juste de ne rien faire», explique-t’il.

Installé à l’extérieur de la ville, il a pris ce qu’il appelle «une petite sabbatique de murales». Bien que concentré sur ses peintures qu’il réalise en atelier, il fait tout de même une entorse à cette sabbatique pour peindre en novembre une murale dans le quartier de Sainte-Foy.

Une murale au croisement de la rue Cartier et René Levesque réalisée en 2013. Crédit photo : Phelipe Soldevila

Le potentiel de l’art public à Québec

Lorsqu’il habitait à Montréal, plusieurs amis de Phelipe s’installent dans des villes clés du graffiti et de l’art mural comme Barcelone, par exemple. Le peintre et muraliste originaire d’Europe décide, quant à lui, de s’installer à Québec. «Je trouvais que la ville de Québec avait beaucoup à gagner ; c’est un lieu charmant, avec un gros potentiel pour faire de l’art public, mais qui est sous-exploité.»

Il mentionne également une belle dynamique au sein de la communauté artistique, plus axée sur le positivisme que sur la compétition. «La majorité sont des gens sympathiques, charmants, sobres et positifs», poursuit-il.

Peindre des formes abstraites en murales

Phelipe parle du travail d’entrepreneur derrière le travail d’artiste. Alors qu’il vit de son activité depuis qu’il a 24 ans, il a dû «apprendre à être rentable». Parmi les concessions à faire ; celle, bien connue, de devoir parfois accepter des commissions un peu éloignées des contrats rêvés.

À l’inverse, un projet dont le muraliste parle avec enthousiasme est celui de la supérette du Diner, dans Saint-Sauveur. «Quand ils ont ouvert le Diner, j’y passais beaucoup de temps. C’était ma petite découverte, enfin quelque part d’abordable, bon et sympathique. Ils m’ont proposé le projet de la supérette, c’était un défi incroyable.»

Un défi arrivé à point nommé, alors qu’il souhaitait emmener son travail de formes abstraites, généralement appliqué sur toile, vers la murale. Suite à ce projet, il continue dans cette démarche avec la murale au croisement de Arago et Salaberry.

La murale au croisement de la rue Arago et la rue Salaberry. Crédit photo : Phelipe Soldevila

Distinguer le graffiti, le street-art et l’art mural

Selon Phelipe, le graffiti est un langage. Toujours illégal, marqueur d’un geste politique et d’une bataille de territoire, il est fait par et pour les graffeurs. Une discussion entre initiés, donc, qui vise à se faire un nom et s’approprier un lieu.

Le street-art, quant à lui, viendrait du graffiti. Il serait fait par des artistes qui souhaitent ouvrir la conversation avec le reste de la population. Contrairement au graffiti, il est, selon Phelipe, moins codifié, plus accessible et fait pour toucher les gens. «Mes personnages viennent du street-art», explique-t’il. «C’est complètement du délire mais en même temps je trouve ça pur, parce que je me permets de raconter les histoires que je veux, sans qu’un stress monétaire y soit associé.»

Une murale de personnages de Phelipe, à Québec. Crédit photo : Phelipe Soldevila

Pour finir, la murale s’inscrit dans la démarche du street art, mais est, pour sa part, totalement légale. Bien moins tabou que le graffiti, Phelipe note un bel accueil de la population pour l’art mural. «Les gens ont besoin de renouveau, de diversité artistique.»

Concernant ses projets à venir, Phelipe Soldevila travaille pour le moment sur une exposition avec une galerie d’art, à Montréal. Pour découvrir son travail, suivre sa page instagram, ou ouvrez l’œil dans les rues de Québec.

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