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La réalité d’être une femme entrepreneure

femmes affaires(De gauche à droite) : Kathleen Béland, Danielle Déry, Catherine Mainguy, Chantale Arguin, Cindy Bouchard, Andréanne Martin, Danielle Paquet, Cindy Drouin. (Photo : Mélissa Gaudreault)

Dans le cadre de la Journée internationale des femmes, je me suis intéressée à l’évolution de la place des femmes dans le monde des affaires ainsi qu’aux discriminations et difficultés qu’elles peuvent rencontrer.

Par Mélissa Gaudreault

Le monde des affaires, comme beaucoup d’autres domaines, a longtemps été considéré comme un monde d’hommes, à tort et à raison.

Il est vrai que les femmes n’ont pas toujours été bien acceptées et reconnues pour leur travail, mais contrairement aux croyances populaires qui affirment que leur présence n’est que très récente, elles ont toujours été présentes dans le domaine des affaires, explique Hélène Lee-Gosselin, professeure au Département de management spécialiste en entreprenariat féminin. On a commencé à les reconnaitre vers les années 1990-2000.

« Il y a toujours eu des femmes entrepreneurs dans les sociétés aux différentes époques, mais elles étaient « exceptionnelles ». C’est-à-dire qu’il y en avait, mais ce sont des femmes qui se distinguaient de façon notable des autres femmes, soit par l’accès à des ressources, soit par une autonomie et une détermination hors du commun. »

Elles devaient cependant se conformer au modèle masculin et étaient souvent victimes de préjugés et de discrimination. Cela a pris du temps avant que les choses changent réellement.

Discriminations

Hélène Lee-Gosselin dévoile que l’une des formes de discriminations qu’elles ont longtemps vécues est que les gens et elles-mêmes n’avaient pas confiance en leurs capacités et qu’elles devaient prouver leur valeur.

Kathleen Béland, associée chez Groupe Geos, une entreprise de service-conseil en environnement, ingénierie et écologie, a eu le syndrome de l’imposteur en tant qu’entrepreneure à ses débuts parce qu’elle doutait qu’elle avait les compétences pour gérer une équipe, mais elle les a développées au fil du temps et a appris à accepter que c’est correct de ne pas être parfaite.

Selon Danielle Paquet, fondatrice de Bela Peko, « une fille qui voir une offre d’emploi et qui va se dire qu’elle n’a que 90% des compétences, elle n’appliquera pas. Un gars qui a 20% des compétences va appliquer. » Elle trouve que les femmes ont une perception plus critique d’elles-mêmes.

Ensuite, une femme qui va prendre une décision et s’y tenir sera considérée comme dure et émotionnelle tandis qu’un homme sera perçu comme quelqu’un qui a de la personnalité ; c’est ce que l’on appelle le double standard. Cela s’applique aussi à l’apparence, qui va jouer un rôle important dans la crédibilité d’une femme, commente la fondatrice de Perlin Pimpin, une entreprise de produits pour enfants et pour bébés, Danielle Déry.

Cindy Drouin, de Coffrage LD, ajoute qu’elle-même se prépare plus quand elle sait qu’elle doit discuter avec des hommes et prendre position sur quelque chose parce qu’elle veut transmettre une image de contrôle.

Pour Cindy Bouchard, associée chez iFX Productions, il faut se dire qu’une femme se soucie plus de l’impact qu’aura son attitude et ses décisions sur les autres et que c’est en acceptant cela qu’elles prendront réellement leur place comme entrepreneure.

Chantale Arguin, d’AG360 Arpenteurs-Géomètres, déclare pour sa part qu’elle s’est sentie coupable de prendre congé un vendredi après-midi dernièrement, ce à quoi Danielle Paquet répond que c’est le sentiment de responsabilité des femmes qui suscite cette culpabilité de prendre du temps pour soi.

Conciliation travail-famille

En plus de leur travail d’entrepreneure, les femmes ont toujours dues s’occuper de leur famille ; elles avaient donc plus de choses à faire que les hommes mais n’avaient pas plus de temps pour les faire. La conciliation travail-famille est encore un enjeu aujourd’hui, mais les hommes s’impliquent de plus en plus dans ce domaine. Certaines femmes se limitent parfois professionnellement afin de s’occuper de leur famille.

C’est une chose qu’Andréanne Martin, qui a sa propre clinique diététique, « ressent beaucoup entre les hommes et les femmes dans un autre un groupe d’affaires dans lequel [elle est], c’est que l’homme a souvent la femme pour compenser à la maison. »

Selon Cindy Bouchard, associée chez iFX Productions, il faut accepter que les femmes veuillent s’impliquer dans l’entreprenariat et avoir une famille ; ça ne devrait pas être un choix entre les deux.

« En tant que femme, tu perds des opportunités de parler d’affaires. Tu iras pas un samedi matin jouer au golf avec le gars, parce que tu laisseras pas ta famille. C’est nous-mêmes qui nous mettons des barrières. Il y a plein de choses que l’on ne se permet pas de faire. D’avoir des cercles d’affaires féminins ça nous permet de parler entre nous aussi. » – Danielle Déry, Perlin Pimpin

Évolution des pratiques

Les pratiques ont évolué au fil des années et plusieurs choses se sont améliorées, mais il nous reste encore du chemin à faire pour devenir une société équitable pour tous.

D’abord, il y a encore aujourd’hui beaucoup de domaines peu occupés par les femmes comme les sciences et la technologie, en partie parce qu’il y a des biais sexistes liés aux compétences, déclare Hélène Lee-Gosselin, chercheuse dans le domaine de l’entreprenariat au féminin.

Catherine Mainguy, présidente-directrice générale de l’un des cabinets d’assurances Accès Conseil, aime les nouvelles générations parce qu’elles sont conscientisées à ces enjeux, mais elle a encore l’impression que les femmes doivent choisir entre leur carrière et leur famille. Il y a selon elle un manque d’adaptation à ce niveau dans les grandes entreprises. Cindy Bouchard est du même avis et pense que c’est un défi qui va toucher les jeunes femmes aujourd’hui.

Chantal Arguin, à la tête de l’entreprise AG360 Arpenteurs-Géomètres, a ainsi accepté le télétravail à bras ouverts dans son entreprise parce qu’il permet une meilleure conciliation travail-famille.

Les femmes d’affaires rencontrées sont tous des mères et ont toutes la chance d’avoir des maris qui s’occupent eux aussi de leurs enfants, mais elles s’entendent toutes pour dire que la conciliation travail-famille n’est pas bien intégrée dans tous les domaines et que les choses doivent changer.

Dans une autre optique, l’insertion des femmes dans un réseau de professionnels était plus difficile avant parce qu’il n’y avait pas de réseau de femmes entrepreneures et les hommes ne les acceptaient pas dans les leurs, ainsi que parce que les femmes n’avaient pas le temps de réseauter en raison de leurs obligations familiales. Il y a maintenant des réseaux de femmes d’affaires pour soutenir les femmes dans leurs projets entrepreneuriaux, comme le réseau Femmes en affaires de la Capitale-Nationale, fondée par Danielle Paquet, qui gère l’entreprise Bela Peko.

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