Saint-Sacrement – Isabelle Savage, directrice générale de l’École oraliste de Québec, nous en apprend plus sur l’enseignement spécialisé offert aux jeunes ayant des problèmes d’audition ou de langage.
Par Mélissa Gaudreault
L’établissement scolaire a été créé en 2002 par le groupe de recherche en intervention auprès de l’enfant sourd (GRIES) de l’Université Laval.
Le groupe a été fondé par Andrée Boisclair, spécialisée en psycholinguistique développementale et professeure en psychopédagogie à l’Université Laval, ainsi que Pauline Sirois et Hélène Makdissi, également professeures à la Faculté.
Elles ont étudié les fondements cognitifs et langagiers favorisant la réussite scolaire de l’enfant ayant des problèmes auditifs et langagiers.
Andrée Boisclair était la directrice de l’école jusqu’à il y a environ deux ans ; c’est Isabelle Savage qui a repris le flambeau depuis.
« On a deux missions : pour certains, c’est de mettre l’enfant à niveau pour le retour à l’école régulière, et pour d’autres enfants qui ont plus de difficultés, ils vont avoir besoin après leur passage chez nous d’être dans un milieu adapté pour terminer leurs études. » – Isabelle Savage
L’établissement scolaire ne recevait à la base que des jeunes avec une déficience auditive (code 44), mais elle accueille aujourd’hui également ceux ayant une déficience langagière (code 34).
La clientèle et l’expertise
Sur le plan des problèmes d’audition, que les enfants soient malentendants ou sourds, « tous les enfants qui sont chez nous avec des problèmes auditifs portent des appareils ou des implants » et « on a des enfants qui par un problème x ont perdu leur audition ; ils entendaient avant et ils se sont mis à ne plus entendre », explique-t-elle.
Elle ajoute que les appareils auditifs aident, mais le son est robotisé donc les jeunes qui en portent n’entendront jamais le vrai son des choses.
Sur le plan des problèmes langagiers, les jeunes ont ce que l’on appelle un trouble développemental de langage (TDL) anciennement nommé dysphasie, qui peut être associé à une surdité ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA).
Pour résumer, c’est une connexion dans le cerveau qui ne se fait pas et qui fait que l’enfant a de la difficulté à s’exprimer, donc c’est au niveau neurologique soit réceptif ou expressif.
Tous les enseignants ont un baccalauréat en enseignement et un 2e niveau d’études (ex.: DESS en adaptation scolaire, maitrise dans le domaine du langage ou de l’apprentissage, etc.).
De plus, les enfants sont suivis en orthophonie, en orthopédagogie et par d’autres professionnels qui suivent le développement des enfants mais qui ne sont pas employés de l’école (ex. : ergothérapeute, physiothérapeute, audiologiste, psychologue, etc.).
L’établissement compte parmi ses rangs 68 élèves au total cette année en comparaison d’environ 30 en 2010 et 10 à la création de l’école en 2002.
Le programme
Les élèves suivent les mêmes cours qu’à l’école standard, mais l’enseignement est adapté à leurs difficultés et leurs besoins. « On suit l’enfant à son niveau à lui et on le suit pas à pas dans son développement », affirme Isabelle Savage, directrice de l’école.
Dans cette optique, le ratio est d’un enseignant pour quatre ou six enfants par classe ainsi qu’une directrice pédagogique par niveau (préscolaire, primaire, secondaire = 4 ans à secondaire 3) qui permet de faire un bon suivi de l’apprentissage auprès des enseignants et de l’enfant et de ses parents.
« On a un programme de théâtre, donc on fait de l’art dramatique. Ça vient travailler autant l’estime de soi que le langage », commente la directrice.
Les élèves (de 1ère année à secondaire 3 pour un total de 53 jeunes) montent une pièce de théâtre avec l’aide de l’enseignant en art dramatique, qui est présentée au Théâtre du Capitole et c’est le moyen de financement pour la Fondation Sourdine qui finance l’école et permet d’offrir un enseignement gratuit.
La fondation
La Fondation Sourdine, a été créé en même temps que l’école, « dans un souci de soutenir une intervention de pointe pour accompagner les enfants avec des problèmes auditifs, donc de conditionner l’oreille, développer leur langue orale dans une perspective de réintégrer l’école régulière et la société avec autonomie et succès », déclare Sandra Ferguson, directrice générale de la fondation.
La mission a légèrement changé depuis sa création dans le sens où la fondation soutient l’École oraliste de Québec qui accueille maintenant des enfants avec des problèmes de langage qui ne sont pas nécessairement associés à des problèmes auditifs.
La fondation souhaite se faire connaitre et faire connaitre l’école auprès de la population et peut-être rejoindre des parents dont les enfants pourraient avoir besoin de leurs services.
Commentez sur "L’éducation pour tous"