Par David Lemelin
Vous ne le croirez peut-être pas, mais je n’avais jamais mis les pieds à l’amphithéâtre Vidéotron depuis son inauguration. Jamais.
Ceux qui me connaissent un peu diront que c’est parce que j’ai une tête de cochon. En revanche, ceux qui me connaissent pour vrai savent que faire campagne contre Labeaume et l’empire Québecor a été si brutal, sale et engageant – vidant même – moralement et physiquement, qu’on ne peut pas sortir d’une course à la mairie comme celle-là indemne et faire semblant de rien. Après tout ça, je ne pouvais pas entrer dans l’éléphantesque détecteur de fumée en sifflotant.
Ainsi, je m’étais promis de ne jamais y mettre les pieds… sauf si Depeche Mode s’y offrait en spectacle. Hé bin, dix ans plus tard, c’est arrivé, justement, le 9 avril dernier. Pour eux, seulement et seulement eux, j’ai accepté de rompre temporairement ma promesse.
Groupie un jour, groupie toujours.
Mon constat?
C’est impressionnant. Vaste, très haut de plafond, les corridors sont larges, on y circule sans peine, même à plus de 10 000 personnes. C’est bien pensé, bien équipé. Les comptoirs de restauration sont plus invitants que « dans le temps ».
La sonorisation est nettement supérieure à ce qu’on avait dans le passé, même si ça reste un aréna : les aigües sont trop aiguës, les graves grondes sourdement, ce qui gomme les détails et harmonies sonores. Mais, on entend très bien la voix. Quand il s’adressait à nous, le chanteur n’avait pas l’air de marmonner dans le Grand Canyon, pour une fois. Alors, chapeau!
Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de me dire que tout ça, c’est trop.
Trop grand pour des rares concerts, trop vaste pour un club junior, trop bien équipé de tableaux d’affichages numériques et de lumières pour ne servir qu’à annoncer André Rieux. C’est trop.
C’est chic, c’est colossal, comme si, le lendemain, l’endroit devait accueillir un club de la Ligue nationale pour un match des séries. Oui, visiblement, à la vue de l’étourdissant décor, je ne pouvais que constater qu’il manque quelque chose qui correspond à cet énorme potentiel.
Et ça, c’est les Nordiques.
Je sais, j’ai dit en campagne en 2013 qu’ils ne reviendraient pas. Pas parce que je ne le souhaite pas, mais parce que les indices sont clairs qu’il n’y aurait pas de retour possible avant longtemps.
Remarquez, j’ai peut-être jeté un mauvais sort en répétant qu’il n’y aura pas de mise au jeu le 2 septembre 2015. Je m’en excuse. Mais, j’avais raison. Sous l’énorme coquille vide, il manque toujours un cœur. Celui des Nordiques.
Ainsi, pour moi, ça ne marche pas, l’amphithéâtre. C’était mal avisé et trop gros pour accepter les déficits (qui étaient prévus et annoncés, d’ailleurs), surdimensionné pour nos besoins, y compris les groupes de grandes stars qui peuvent encore aboutir sur les plaines, s’ils cherchent de l’espace.
Évidemment, s’ils pouvaient revenir, nos Nordiques, ce serait rendre justice à cet édifice. Mais, j’en doute encore. Même aujourd’hui.
Oh, et le show de Depeche Mode, finalement? C’était exceptionnel. Ça valait la trahison d’une promesse.
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