La pièce H+, du Théâtre astronaute et Émile Beauchemin, sera présentée les 6 et 7 juin lors du Carrefour international de théâtre.
Par Estelle Lévêque
La pièce H+, produite par le Théâtre Astronaute, adopte une forme inédite. Émile Beauchemin, auteur et acteur, interprète sa création sur un tapis roulant. En effet, au cours des deux heures de spectacle, il court, sur scène, les 21 derniers kilomètres d’un marathon.
Sur scène, il échange avec Maureen Roberge, qui joue l’ensemble des personnages qui ne sont pas Émile. Le troisième personnage, ajouté il y a peu, incarne une version plus âgée de ce dernier.
S’améliorer, par tous les moyens
Au rythme du pas de course, la pièce H+ se penche sur la performance. Celle que l’on subit, celle que l’on s’impose, celle qui nous élève. L’idée de ce spectacle naît à la suite de problèmes cardiaques que rencontre l’auteur, à un âge où l’on s’en soucie peu.
«Je ne pensais pas que c’était mon cœur. À 25 ans, on ne pense pas que ça peut être ça. J’ai laissé traîner plusieurs jours ; je continuais à travailler, je continuais à travailler.»
Émile Beauchemin
Le soir suivant, il ressent une forte douleur à la poitrine, une grande faiblesse l’empêchant même de se tenir debout. Il devra finalement passer plusieurs semaines à l’hôpital. «C’est un événement qui m’a forcé à m’arrêter plusieurs mois. C’était très difficile et confrontant, ça a altéré ma pratique. La façon dont je vois mon corps, aussi.»
Par la suite, l’équipe commence à réfléchir à l’œuvre qui deviendra H+. Pour ce faire, ils s’intéressent au transhumanisme : cette idée que l’on peut améliorer les capacités physiques et mentales de l’humain par le biais de la technologie et des sciences. À terme, le mouvement aspire à supprimer le vieillissement et, ultimement, la mort.
En équilibre entre le documentaire, l’autobiographie et la science fiction
H+ questionne notre rapport intime, social et politique à notre capacité à nous surpasser. La pièce intègre, dans une volonté d’immersion du spectateur, un ensemble d’écrans et effets lumineux.
«Avec Louis-Robert Bouchard, on a conçu un dispositif de captation biométrique qui capte mon rythme cardiaque en direct. Les données sont captées en direct et on les utilise pour faire avancer l’action : la trame sonore, les éclairages, la vidéo. Si la course s’arrête, le spectacle aussi», explique l’auteur. Également commissaire du mois Multi, il explore, avec H+, son attrait pour les arts numériques.
Dans les faits, Émile Beauchemin livre un texte, écrit avec la collaboration de Rosalie Cournoyer et Maureen Roberge, qui enveloppe des morceaux de vérité dans des couches de fiction. Le public plonge ainsi dans un théâtre à la croisée des genres, qui déstabilise autant qu’il captive.
Par ailleurs, la présentation d’une œuvre aussi personnelle est une nouveauté, pour le comédien. «C’est la première fois que je parle de moi sur scène. En fait, ce qui est plus difficile que le simple fait de parler de moi, c’est le fait de parler du moi d’il y a quelques années. Le temps a fait que j’ai évolué sur certaines choses.» L’auteur souligne toutefois la bienveillance de son équipe qui lui permet d’aborder ce défi avec une plus grande sérénité.
Le Carrefour International de Théâtre
En 2022, Émile Beauchemin réalisait, avec Eliot Laprise, le tableau La chance d’une vie, pour le spectacle Où tu vas quand tu dors en marchant?. Cette année, c’est en tant qu’auteur et interprète qu’il revient pour le Carrefour International de Théâtre.
«C’est aussi la première fois, en tant que compagnie, qu’on présente quelque chose au Carrefour International de Théâtre. On est à la fois très fébriles et très fiers. On est très honorés de présenter une création de notre cru et de la partager avec le public», affirme-t-il.
H+ sera présentée les 6 et 7 juin à 19h30 au Théâtre Périscope. Pour découvrir la pièce, rendez-vous sur la billetterie du Carrefour International de Théâtre.
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