Publicité
  • Publicité pour la résidence La Champenoise
  • Ville de Québec

Chronique : Lettre à l’École Saint-Fidèle

Beatrice ClaveauBéatrice, la fille de Martin Claveau, éditeur du journal le Carrefour de Québec, devant l'École Saint-Fidèle. (Photo : Martin Claveau)

Chère École Saint-Fidèle de Limoilou, 

Ce sera la dernière image que j’ai prise de ma fille en face de toi. C’était le 22 juin dernier lors de la fin des classes.

Ma blonde tapait du pied pour qu’on s’en aille et me trouvait un peu con, mais moi je voulais prendre une photo.

Je me doutais que ce serait possiblement la dernière que je prendrais de ma fille à côté de tes vieux mûrs que je trouve si inspirants. J’aurais voulu la prendre avec ses amies, mais elles étaient toutes parties.

Je me sentais à la fois niaiseux et un peu pressé. Ça fait que ça ne fait pas une super bonne photo, mais bon c’est ça qui est ça.  

Ne t’en fais pas, rien de grave n’est arrivé, mais ma fille, qui est un peu la tienne aussi, Béatrice, va simplement changer d’école l’automne prochain.

Elle va entrer en concentration sports études, qui va nous couter un bras pis une jambe, à l’École des Berges, dans Saint-Roch. Elle vient d’y être acceptée et elle y fera sa 6e année. Elle poursuivra sa progression en nage synchronisée, une discipline qu’elle adore.

Selon son entraîneure, elle en a les capacités et aurait même du potentiel, alors je m’en voudrais de la priver de cette belle opportunité. So be it comme disent les Beatles, à moins que ce soit Let it be, je sais plus trop… 

N’empêche que ça me rend nostalgique de songer à tout ce qu’elle est passée à travers depuis qu’elle a commencé sa maternelle chez toi. Je pense à toutes les amies et les rivales qu’elle s’est faite, à ses chicanes, à ses bons résultats et à ses moins bons.

Je me rappelle ses grandes joies et à ses grosses peines, car c’est aussi chez toi qu’elle a vécu ses premières trahisons, qui laissent des traces, mais c’est important de passer par là. 

Je pense à tous ces matins où je suis allé la reconduire à pied et à tous ces soirs à revenir. Je pense aux fois où on s’est fait pogner à la pluie, à celles où on glissait sur les trottoirs glacés et à celles où on longeait les murs, tellement il faisait chaud.

Je me rappelle à quel point elle était contente de te retrouver, quand l’année scolaire recommençait, à ses professeurs et à ses éducatrices, ceux et celles qu’elle a aimé et ceux qu’elle a moins apprécié. 

Je me rappelle la COVID, durant laquelle elle s’est malheureusement fait éjectée d’une classe trop pleine, pour se ramasser, seule de fille, dans une classe de fortune improvisée dans ton gymnase, avec neuf garçons qui sentaient tous la fesse, comme elle disait. 

Je pense à tout ça et je suis triste. Ça représente un gros pan de sa vie et par ricochet de la mienne aussi.   

Je rêvais de la voir terminer son primaire, chez toi, en passant dans la haie d’honneur que tu prépares à tes finissants quand ils te quittent.

Je l’imaginais se faire applaudir à tout rompre par les plus jeunes, ceux avec lesquels elle fait du tutorat. Je me voyais déjà les larmes aux yeux, ému et fier, en voyant ça. Elle connaissait tout le monde et tout le monde la connaissait chez toi.  

Mais bon, elle n’aura pas l’opportunité de jouer les grandes en tes vieux mûrs pour sa dernière année du primaire.

Oh, elle le fera, rassure-toi, mais ce sera ailleurs dans un autre environnement que le tiens, alors ça ne sera pas pareil. Ça ne sera pas chez toi. 

Je pense à toi et maudit que ça me rappelle que je vieillis…

Mais la vie ne s’arrête pas et me rappelle à l’ordre. Le rôle d’une école, c’est d’être une école et toi chère École Saint-Fidèle tu as bien fait ta job.  

Alors je te remercie toi, tous ceux dont le travail combiné, en tes vieux mûrs, ont fait de ma fille une meilleure personne, au terme de ces six années incroyablement bien remplies qu’elle a passé chez toi.  

Je songe à toutes les amies qu’elle laisse dernière. Ma fille a plus de courage que moi, faut croire, de faire ce changement. J’imagine que ça aussi, ça doit venir de toi…  

C’est ça la vie, faut accepter le changement et faire le mieux qu’on peut avec, mais j’ai le droit d’être triste quand même et de te l’écrire.

Tu es vieille et tes escaliers usés supportent les pas de milliers de flots depuis si longtemps, mais c’est toi qui es la plus belle !

Tu es parfaite et tu n’as rien à envier aux écoles plus jeunes, elles n’auront jamais ton âme, alors ne laisse jamais personne te convaincre du contraire. 

Ça fait que thanks for the memories, École Saint-Fidèle de Limoilou, you are the best and we love you xxx!

1 commentaire sur "Chronique : Lettre à l’École Saint-Fidèle"

  1. Bonjour M.Claveau,
    J’ai lu votre chronique sur Lettre à l’Ecole Saint-Fidèle et j’ai vraiment aimé votre façon d’amener dans ce texte le parcours de votre fille ainsi que du vôtre. On oublie souvent d’apprécier de tels lieux où l’on y laisse un peu de notre enfance.La seule chose qui m’a dérangée c’est la fin de votre texte, pourquoi utiliser des mots anglais pour exprimer votre gratitude car on constate que vous savez pertinemment utiliser notre belle langue française..

    • Bonjour Huguette, désolé je n’avais pas vu votre commentaire et je vous en remercie. Vous avez raison j’aurais pu privilégier des mots français pour terminer. je me suis laissé aller aux sentiments et je l’ai écrit un peu comme je le ressentais tout simplement, mais je tâcherai de faire attention la prochaine fois.

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.