Par David Lemelin
J’ai contribué, avec mes partenaires du moment, à la création du parti politique municipal qui porte le nom de Démocratie Québec, union de quatre formations d’opposition déterminées à faire une lutte plus sérieuse au régime Labeaume. C’était en mai 2013.
En novembre, nous sommes devenus l’opposition officielle, faisant élire trois conseillers, mais ce ne fut rien pour ébranler un tant soit peu le Napoléon de la rue des Jardins.
Ça aura été le moment le plus fort de toute l’histoire de ce parti.
Par la suite, les défaites se sont succédées, passant de trois conseillers élus en 2013 à un seul (Jean Rousseau), puis à zéro. Trois défaites en trois élections et de moins en moins de succès, de moins en moins de membres et de moyens. Voilà le bilan de Démocratie Québec.
C’est triste, mais il faut comprendre que les partis politiques sont des créatures moins stables et systématiques que ce que l’on retrouve à l’Assemblée nationale ou à Ottawa.
Au municipal, pour aller vite, les partis, quand ils existent, gravitent presqu’exclusivement autour d’un chef ou d’une cheffe. Ainsi, la formation a déjà, implicitement, pour vocation de mourir avec son leader, son destin y étant intimement lié.
Quand ils portent le nom du chef, comme Équipe Labeaume, par exemple, ça va de soi : Régis s’en va, le parti change de nom et en profite, autant que possible, pour refaire son image (comme Québec d’abord, qui est la « nouvelle administration » de l’ancien parti de Labeaume, parti). De fait, ce n’est plus tellement « Équipe Labeaume ». C’est un nouveau joueur avec un peu de vécu dans ses rangs.
Démocratie Québec n’a pas d’héritage comme tel, n’en déplaise aux nostalgiques qu’on pourrait trouver en son sein. Outre son bilan exclusivement composé de défaites, il n’y a rien qui soit « typiquement Démocratie Québec ».
En effet, faire mieux vivre la démocratie municipale a été porté par plusieurs partis actuellement présents à l’hôtel de ville. Idem pour la densification douce, la gestion responsable des finances publiques ou le développement durable. À quelques détails ou promesses près, plusieurs partis s’en sont réclamés.
Ce ne sont pas des idées exclusives à Démocratie Québec, pour la simple raison que les bonnes idées sont continuellement reprises par les uns et les autres en politique. C’est ainsi.
D’ailleurs, vous feriez un sondage, micro à la main, à demander aux gens, sur le trottoir, de distinguer Québec forte et fière, Québec d’abord, Priorité Québec et Démocratie Québec et vous auriez sans doute un long silence qui marquerait le début de chacune des réponses que vous iriez chercher.
Personne ne peut, en réalité, les démêler aisément, sauf peut-être pour Transition Québec qui loge plus franchement du côté écologique… et encore!
Pourquoi? Parce qu’au municipal, ça tourne autour des chefs.
Dès lors, à la question : Démocratie Québec doit-il survivre au terme de son assemblée générale de novembre prochain? La réponse responsable, logique et lucide, c’est non.
On ne s’acharne pas sur un véhicule dont l’image ne porte à peu près plus rien.
C’est triste de célébrer le 10e anniversaire de ce parti de cette façon.
Mais, ce n’est pas la fin du monde : un nouveau parti naitra. Un nouvel élan sera donné et des espoirs neufs et inspirants pourront émerger. C’est une roue qui tourne.
Ç’a été une belle aventure. Ça valait le coup. Pour la suite, on regarde en avant.
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