Les murs de l’Assemblée Nationale accueillent une exposition de Catherine Bard qui éveille à l’empathie et à la bienveillance avec les personnes en situation d’itinérance.
Par Estelle Lévêque
Inaugurée il y a quelques jours, l’exposition est née d’une collaboration entre l’organisme communautaire de Trois-Rivières Point de rue et l’illustratrice Catherine Bard. Au fil de 27 tableaux, la série de bande-dessinée vise à démystifier l’itinérance.
Que donner aux personnes dans la rue ? Comment agir avec respect en croisant une personne en situation d’itinérance ? Représentent-elles réellement un danger ? Autant de questions auxquelles cette exposition répond avec simplicité et douceur, sans culpabilisation.
« Je suis une personne comme les autres, face à ce sujet là. Je n’ai pas été dans le travail social, je ne suis pas spécialiste de cet enjeu. Philippe Malchelosse, directeur général de l’organisme Point de Rue, m’a fait part de tous ces comportements qu’il est bien d’aborder. » Catherine Bard, illustratrice de l’exposition
S’ouvrir aux autres
Afin de s’adresser à tous les citoyens, il était important, pour l’artiste, d’aborder avec empathie ce sujet parfois lourd et confrontant. Enfants ou adultes, chacun peut se sentir concerné par les situations représentées.
Très présents dans la pratique de l’artiste, les personnages anthropomorphiques offrent une représentation ludique. Sous les traits d’un renard ou d’un oiseau, les enjeux du quotidien n’en semblent pour autant pas moins réels. « Dessiner des personnes en situation d’itinérance, dessiner des visages réalistes, ça aurait créé quelque chose de plus confrontant », commente Catherine Bard.
Agir à son échelle
Suite à ses échanges avec l’organisme communautaire Point de rue, la bédéiste a fait ses recherches sur le terrain. Ainsi, Catherine a commencé par interroger son comportement et adopter ces changements dans son quotidien. Puis, il s’agissait de documenter l’impact de ces actions.
« Parfois, on se sent impuissant. Mais finalement, la puissance que l’on a c’est celle de choisir de ne pas détourner le regard et de dire bonjour et connecter. Ça peut réellement créer une différence dans la journée d’une personne. »
Ainsi, l’exposition de l’organisme Point de rue appelle à agir, à hauteur de ce qui semble accessible. Celle-ci partage, par exemple, des idées de dons à offrir aux personnes itinérance ; sur la nature de ceux-ci, mais aussi sur la manière de le faire.
Sortir la bande-dessinée du livre
En parallèle d’une envie de valoriser l’empathie et l’ouverture aux autres, l’artiste se réjouit d’exposer dans un lieu tel que l’Assemblée Nationale. « Quand on est artiste visuel, on n’a pas souvent les retours des gens. Avoir les commentaires des visiteurs, voir que j’ai créé quelque chose qui peut toucher largement, ça me fait très plaisir », soutient Catherine Bard.
L’année dernière, l’illustratrice de St-Élie-de-Caxton, en Mauricie, exposait son travail au Carré d’Youville. Sortir la bande-dessinée du seul support littéraire, mais aussi démocratiser son medium ; l’exposition se place alors comme une réelle connexion entre le public et l’artiste.
Dernièrement, Catherine Bard a travaillé sur plusieurs projets autour d’enjeux sociaux. Dans le livre jeunesse Une maison juste à moi, de la pédopsychiatre Amélie Veilleux, elle illustre les enjeux de prévention en santé mentale auprès des enfants. Également, elle a travaillé sur une série de bande-dessinée pour la table de concertation pour les femmes de la Mauricie, autour des inégalités de genre.
« J’aime aborder des sujets assez sombres mais de manière ludique et douce », résume-t-elle.
L’exposition « Comment agir avec les personnes en situation d’itinérance ? », de Point de rue, les Affranchis et Catherine Bard, est présentée à l’Agora de l’Assemblée Nationale jusqu’au 2 décembre.
Commentez sur "Une exposition éveille à l’empathie face à l’itinérance"