Je suis aux premières loges pour constater les effets de la construction préparatoire au tramway dans le sud de Limoilou.
Comme plusieurs, j’ai assisté à la présentation du printemps dernier sur ces travaux, mais ce genre d’exercice de relations publiques se veut toujours rassurant.
En gros, on nous dit que ça se passera pour le mieux et que tout est soigneusement planifié. Quand on écoute une belle pelletée d’experts nous parler de travaux, on a tendance à vouloir les croire.
Au quotidien par contre, mon vécu profond de ces travaux, jugés essentiels au bien-être planétaire, n’en demeure pas moins une longue déplaisance comparable à une colonoscopie.
Je ne sais pas pour vous, mais quand il y a des travaux sur des rues en ville, je considère que ça devrait toujours être une priorité de maintenir la circulation sur les autres voies autour.
Un peu comme c’est important quand on opère quelqu’un au cœur de maintenir une bonne circulation aux autres organes.
Quand on ouvre le ventre de la ville, comme c’est le cas présentement dans Limoilou, ça devrait donc être la priorité numéro un de maintenir un certain flot de trafic, car ça m’apparait important autant pour les citoyens que les commerces.
C’est drôle, mais avec ce que je vois depuis le début de l’été, j’ai malheureusement l’impression que, loin de maintenir le flux, on pratique plutôt des amputations préventives sur nos artères, sans trop se poser de questions sur ce que ça donne comme résultat.
En tant que résident de Limoilou, je répète souvent que j’adore mon quartier, mais j’aime aussi en sortir et présentement, il y a des jours où, même à pied, c’est difficile de le faire.
Selon ce que je constate, le seul plan de circulation qui semble exister présentement dans mon coin, c’est de ne pas en avoir et de laisser tout le monde se débrouiller.
Depuis juillet, il y a des matins où, simultanément, la 1ère, la 2e, la 3e la 4e, la 5e, la 6e rue, de même que la 3e et la 4e avenue sont toutes fermées à la circulation aux heures de pointes.
Les files de voitures, sur les quelques voies qui demeurent fonctionnelles, sont souvent interminables et celles-ci sont immobilisées de longues minutes, fautes de débouchés convenables.
À cela s’ajoute cette espèce d’ambiance de Far West qui règne dans le coin, avec des rues dépavées et poussiéreuses, laissées sans trottoir, où tout le monde se fait justice et circule à l’envers dans des sens uniques en coupant souvent par des ruelles.
En fait, dans mon coin de Limoilou, pratiquement aucune des conventions usuelles de circulation n’est respectées et tout le monde est à bout, moi le premier.
Il est aussi navrant de constater qu’à une époque où tout le monde nous parle de la ville intelligente, des feux de circulations, rendus totalement inutiles par des fermetures de rues, continuent de fonctionner comme si de rien était, embourbant ainsi des dizaines de véhicules de plus de manière aussi inutile que polluante.
Ajoutons à cela qu’il y a, un peu partout dans le sud de Limoilou, des génératrices au diésel qui fonctionnent sans arrêt depuis des mois pour que les égouts, laissées souvent à ciel ouverts, ne bloquent pas.
Je m’en voudrais aussi de ne pas mentionner cette fine pointe d’intelligence urbaine qu’on a eu d’installer des roulottes de constructions au beau milieu de certaines rues, plutôt que de les mettre sur des terrains vagues, où elles devraient aller.
Bref, mon quartier déjà excessivement pollué se voit présentement gratifié de tous ces points bonus de contamination.
Tout ça pour un projet, ayant pour objectif de contrer l’effet de serre, je le rappelle.
Je chiale beaucoup car je suis frustré, mais je n’ai pas tant de solutions à offrir, si ce n’est que d’arrêter les feux de circulation quand ils sont inutiles et de ne pas autoriser des contracteurs à fermer six rues parallèles et deux avenues perpendiculaires en même temps.
Ces idées m’apparaissent assez simples à réaliser, possiblement trop pour des experts de la circulation qui pensent à tout.
Je trouve aussi pas mal ironique de constater que, le principal pollueur du sud de Limoilou, ces jours-ci n’est, ni le port, ni l’autoroute, ni la White Birch, mais bien la Ville elle-même qui sacrifie, encore une fois, mon quartier mal aimé à ses ambitions de grandeur.
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