Vieux-Québec – Nous nous sommes entretenus avec Julie Cloutier-Delormet et Laurence Brunelle-Côté, deux des artistes de la pièce Pompières et pyromanes présentée dès le 7 novembre au Grand Théâtre.
Par Mélissa Gaudreault
De quoi parle la pièce?
Julie : « D’abord, c’est le texte de Martine Delvaux, qui l’a écrit en pensant et en s’adressant à sa fille.
Laurence : « C’est beaucoup de réflexions sur la fin du monde qui s’en vient entre autres en raison de la crise climatique. C’est un livre qui parle de l’amour. L’amour d’une mère pour sa fille, l’amour d’une génération qui va échapper à la fin du monde versus une génération qui va la subir. Et comment l’amour c’est un feu, les étincelles qui se créent quand on aime, quand on fait la révolution. »
Pouvez-vous m’expliquer le paradoxe entre pompières et pyromanes?
Julie : « La passion, les élans, les soulèvements viennent du feu qu’on a en nous, de notre volonté de mettre le feu. »
Laurence : « On veut éteindre des feux comme les feux de forêt, donc on est des pompières, mais pour éteindre les feux on doit en allumer d’autres. »
Julie : « Il faut apprendre à prendre soin des feux. Il y a une connaissance qu’on a perdue, que les autochtones ont. Nous, on n’a pas appris à éteindre les feux parce qu’on vit avec les feux. Il faut apprendre à voir les feux pas juste comme une menace, parfois il faut savoir les allumer [pour éveiller les consciences sur ce qui se passe avec notre planète]. »
Quel est le lien entre les femmes et la lutte aux changements climatiques?
Laurence : « Comme on disait, l’histoire c’est une mère qui parle à sa fille. Les mères en général, ce sont elles qui choisissent d’avoir des enfants ou non, en sachant que c’est la fin du monde. C’est aussi parce que les femmes ont toujours été persécutées à travers les siècles et ont dû mettre le feu pour se défendre. »
À quoi on peut s’attendre au niveau des personnages?
Laurence : « Il faut pas s’attendre à aucun personnage. »
Julie : « On est juste nous-mêmes sur scène. Au Bureau de l’APA, on a toujours travaillé comme ça. On n’est pas des comédiens. On travaille avec des gens qui sont dans le milieu de l’art, mais de différentes disciplines tout en essayant de sortir des disciplines. On est chacun nous-mêmes sur scène, il n’y a pas de personnage. On se présente comme on est et on fait les choses comme on les feraient dans la vraie vie. Il n’y a pas de jeu. C’est une intervention scénique. On essaie d’avoir une réflexion avec le public. »
Pourquoi avez-vous embarquées dans le projet?
Julie : « Ça fait longtemps qu’on travaille ensemble Laurence et moi, maintenant 15 ans. »
Laurence : « Ça allait de soi qu’on travaille ensemble. L’initiateur du projet, c’est Olivier Arteau, le directeur artistique du Trident, qui nous a approché avec le texte de Pompières et pyromanes et nous a demandé si nous serions intéressées à monter la pièce et on a accepté. Il nous a demandé ce qu’on ferait avec le texte de Martine Delvaux et on trouvait que c’était un super beau défi. »
Pourquoi est-ce que vous aimez travailler ensemble?
Laurence : « On se comprend bien au niveau artistique parce qu’on a la même volonté d’aller vers l’indiscipline, [c’est-à-dire de sortir des disciplines artistiques traditionnelles]. »
Que voulez-vous que les gens retiennent de la pièce?
Julie : « Pour moi, il y a deux grandes lignes. Premièrement, c’est d’essayer de donner quelque chose qui change un peu les propositions dans la programmation annuelle du Trident. J’ai l’impression qu’on apporte quelque chose de différent et j’espère que les gens vont avoir le goût de retourner voir des choses différentes que le théâtre plus conventionnel que l’on connait. Deuxièmement, c’est de réfléchir ensemble sur l’avenir. »
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