Par David Lemelin
Ça y est. Legault panique. On l’avait vu après la défaite dans Jean-Talon : la girouette s’est assise à nouveau sur la banquette du premier ministre et elle a ramené le troisième lien dans le décor.
Depuis, les sondages dessinent ce qui commence à ressembler à une tendance : les gens ne font plus confiance à la CAQ de Legault. Son parti pique du nez dans la Capitale-Nationale.
Au lieu de se retrousser les manches et de montrer un sens de l’État qu’on avait à peu près vu pendant la COVID, que fait-il? Il appuie sur le bouton « panique » et crie dans la pièce avec un abat-jour sur la tête.
Sa décision sur le tramway est une mauvaise idée, à tous points de vue. Confier la réflexion sur le dossier à la Caisse de dépôt, à ce moment-ci, c’est une farce.
D’abord, parce que des analyses et réflexions sont menées depuis de (très) nombreuses années. Le tramway s’est imposé, sans être parfait, comme étant la meilleure option, quoi que vous en pensiez personnellement.
La Caisse devra donc faire en six mois (bonjour la pression!) ce que plusieurs ont fait sur des années.
Si elle travaille bien, il y a fort à parier qu’elle en arrivera à la même conclusion que la Ville de Québec : le tramway doit s’implanter.
Et même là, étant actionnaire de Alstom, qui a obtenu le contrat du matériel roulant du tramway, on pourra évoquer le conflit d’intérêts…
Mais, plus important encore : le mandat de la Caisse, c’est le profit. Or, ce projet n’est pas qu’un projet de transport, c’est un projet d’urbanisme.
La Loi sur l’aménagement et l’urbanisme a même été modifiée le printemps dernier pour obliger les villes à planifier les transports de manière intégrée avec l’aménagement du territoire… c’est donc la responsabilité des villes (LAU, art. 83) de piloter ça, via le plan d’urbanisme!
Ainsi, suivez bien… le gouvernement confie, en contradiction avec sa propre loi, un mandat à un organisme qui n’a pas de compétence en urbanisme!
Ce que ça aura comme effet?
La règle du profit (qui ne convient pas aux services publics) poussera la Caisse à proposer un projet comme le REM à Montréal, dont le réseau est complètement déconnecté de la trame urbaine avec un tracé qui n’a qu’un objectif : la rentabilité.
Bonjour la planification intégrée!
Et puis, comme l’écrit Bourque dans Le Soleil, le résultat est franchement laid.
Bref, on retarde le réseau structurant, on méprise un Bureau de projet, on risque de perdre le Fédéral dans le processus… tout ça pour que Legault se donne un coussin qu’il voudrait en mesure de faire monter ses sondages…
Si j’avais une définition à donner au « manque de vision et de sens de l’État », c’est vraiment cette décision que je citerais en exemple.
Et Marchand, dans tout ça? Je le plains, franchement. Il avait l’air d’un petit garçon à qui on avait tordu l’oreille, au retour de la récré.
Est-ce que Legault aurait fait ça à Labeaume? À L’Allier?
Oubliez ça.
Évidemment, ça met en lumière le très faible leadership du maire de Québec. Il vient de s’évaporer complètement.
Mais, plus important que l’effet de cette décision sur les élus, c’est ce qu’on offre aux gens de Québec qui me désole.
On est prêt à jouer avec eux en prévision des prochaines élections.
Quelle est la définition de cacocratie (ou kakistocratie), déjà?
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