Publicité
Publicité pour la résidence La Champenoise

Le bon Dieu dans la rue

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Si vous circulez en ville, il vous arrive sans doute de croiser ces gens, plus ou moins «weird», qui quémandent de l’argent. D’aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu de ces individus. Avec le temps, on s’habitue, mais comme nous traversons une époque de grands changements, alors, même ça, ça change.

En fait, l’action de quêter elle-même ne change pas. Ce qui change, c’est la formule utilisée. Auparavant, on me demandait quelque chose comme: «Excuse-moi. Aurais-tu du change pour un café?». Lorsque je me suis fait interpeller par une dame près de la Gare du Palais, il y a quelques jours, ça ressemblait plutôt à : «Bonjour, je me suis fait attaquer et voler ma sacoche. Je suis blessée et je dois retourner à Sainte-Brigitte-de-Laval. Pourrais-tu m’aider et me donner de l’argent pour que je réussisse à prendre l’autobus?» Un peu comme l’univers, la quête se complexifie, me suis-je dit. Une seule constante, le mensonge. L’argent n’est jamais utilisé pour ce qui est prétexté.

Quand je me suis fait héler de la sorte, j’ai été un moment mal à l’aise et j’ai songé à ce type dont tout le monde se foutait qui est mort dans le métro de Montréal récemment. Je suis demeuré perplexe en me disant intérieurement: «Et si c’était vrai? Suis-je un sans cœur de ne rien lui donner?»

Quand j’ai vu la même dame, à deux coins de rue plus loin, une semaine plus tard, je me suis dit que j’avais bien raison de douter. Ajoutons que j’avais découvert entre temps qu’aucun parcours du RTC ne se rend à Sainte-Brigitte-de-Laval. Tout ça m’a confirmé que le mensonge était total.
On se méfie souvent, avec raison, de ses gens qui crient leur besoin, un peu comme les ambulanciers ne se garrochent pas sur les victimes qui gueulent le plus après un accident. La plupart des gens qui sont vraiment dans le besoin ne le vocifèrent pas.

Un type que je connais avait un réflexe intéressant. Dès qu’il percevait, de loin, que quelqu’un voulait lui demander de l’argent, il se précipitait sur lui en demandant de l’argent pour un café. La plupart se vexaient et tournaient les talons.

Personnellement, j’ai toujours préféré ces gens qui jouent de la musique, qui jonglent avec des scies mécaniques ou qui distribuent le journal La Quête pour obtenir des sous.

Je les trouve plus méritants que ceux qui me demandent bêtement de l’argent en me contant des menteries.