Par David Lemelin
Le matin, je passe un examen de la vue. L’infirmière qui s’occupe de moi me confie habiter la Rive-Sud et me dit, candidement, que « ça fait dur, à Québec! »
Comprendre : le leadership, ça va pas.
Le soir même (pour vrai!), Mario Dumont, sur la scène du Capitole, prend la parole et sa réponse tombe comme une guillotine : « Le leadership, à Québec, on va se le dire… c’est catastrophique! »
Ce que j’en retiens : parler de Québec quand on n’y habite pas peut conduire à porter un jugement qui manque d’ancrage.
Mais, le leadership, il a deux facettes : celui qu’on ressent dans la ville même, puis celui qui est perçu à l’extérieur. C’est, en somme, comment le maire rayonne, comment on le perçoit en dehors de la région.
Or, à cet égard, le jugement de Dumont fait mal. Ce qui est perçu : il n’y a pas de leadership.
Dumont a expliqué, avec raison, qu’à certaines époques, le maire, un ministre de la capitale, un lieutenant politique bien en vue représentaient une espèce de cercle fort du pouvoir, un « triumvirat » puissant qui pouvaient pratiquement faire la pluie et le beau temps dans la région.
Or, on n’est pas là. Pantoute.
En décembre dernier, Legault a rejeté Marchand, dans un geste sans précédent.
En lui retirant le dossier du tramway pour confier un mandat à la Caisse de dépôt, le premier ministre a illustré concrètement l’état du leadership dans la Capitale (et son peu de souci pour notre avis).
Jamais il n’aurait osé (ou pu) faire ça à L’Allier, Boucher ou Labeaume. Jamais.
Ce n’est pas amusant à dire ni à constater.
Depuis le début de son mandat, à chaque fois que Bruno Marchand parle, j’ai toujours l’impression qu’il joue un rôle, qu’il porte un costume trop grand et qu’il subit les choses. Comme un spectateur.
Labeaume subissait – le moins possible – les choses. L’Allier aussi. Minoritaire au conseil, il amenait les opposants de son bord. Et Boucher, quand ça ne faisait pas l’affaire des autres, elle le faisait quand même.
Marchand donne souvent l’impression de s’être trompé d’étage pour se trouver, par erreur, dans la salle du conseil.
Et même quand il dit des choses sensées et justes, ses propos semblent appris par cœur, répétés le matin devant son attaché.
Il n’incarne pas la politique comme certains la transpirent. Ça sonne faux.
Remarquez, le leadership ne s’achète pas au magasin. On peut le développer, certes. Mais, en plein exercice, c’est périlleux. Ça vous place dans une position de faiblesse qui peut coûter cher.
Résultat : des enjeux clés qui auront un impact majeur sur Québec sont décidés ailleurs qu’à l’Hôtel de ville de Québec. Troisième lien, tramway, etc.
Tout ce qui façonnera lourdement la capitale se dessine par d’autres que nos élus municipaux.
Y aura-t-il quelqu’un pour reprendre ça en main? Parait que Sam Hamad se prépare. C’est tout sauf une bonne nouvelle…
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