Bach, alias Estelle Bachelard, explore les thèmes de la parentalité, du couple ou encore de la féminité à travers la bande dessinée et l’illustration.
Par Estelle Lévêque
Avec humour et sensibilité, l’illustratrice et bédéiste de Québec fait de son individualité un vecteur d’expression dans lequel ses lecteurs peuvent se reconnaître.
En 2014 et 2015, elle publie C’est pas facile d’être une fille, puis Ma vie avec un scientifique : la fertilité en 2018, et Tant pis pour les likes en 2023. Présentement, Bach travaille sur un projet de bande dessinée et guide éducatif à destination des futurs parents.
Le Carrefour de Québec : Peux-tu m’en dire un peu plus sur tes projets du moment ?
Bach : Depuis un peu plus de deux ans, je suis accompagnante à la naissance, en plus de mon activité. Mon but, initialement, était de créer des outils illustrés pour vulgariser la préparation à la naissance. Finalement, le guide que je suis en train de créer est axé sur la période post-natale, qui est un sujet qui manque beaucoup dans les livres, je trouve. C’est un projet vraiment coloré, dynamique, entre la BD et le guide. J’envisage une publication fin 2024 ou début 2025.
Entre anecdotes personnelles et universalité
Qu’est-ce qui te plait dans le fait de parler des choses du quotidien ?
J’ai tendance à lire beaucoup d’autobiographies ; des anecdotes, des strips, … J’aime les lectures qui ressemblent à la vie de tous les jours, dans lesquelles on peut se reconnaître, reconnaître nos proches.
Avec Tant pis pour les likes, je parlais de mon utilisation des réseaux sociaux, mais dans l’optique de dire aux gens qu’ils ne sont pas seuls. Je trouve que le message passe bien, quand il est transmis à travers la voix d’une vraie personne.
Comment jongles-tu, dans ton écriture, entre des anecdotes très personnelles et un ton universel ? Comment fais-tu pour doser la quantité de toi que tu mets dans tes bande dessinées ?
C’est quelque chose auquel je ne pense pas vraiment. Quand je faisais mes BDs sur Facebook, je le faisais de façon très spontanée. Puis, je me suis rendu compte à quel point les gens se reconnaissaient là-dedans.
Donc j’ai commencé à réfléchir à une façon de mieux toucher les gens. Dans C’est pas facile d’être une fille, il y a des anecdotes qui ne me sont pas vraiment arrivées. C’est arrivé à des amies, ou alors les rôles de la situation étaient inversés entre mon chum et moi. Donc oui, c’est autobiographique. Mais il y a une partie qui est amplifiée pour créer plus de rire, par exemple, ou pour que les gens se reconnaissent plus.
Une évidence
Suite à ton parcours en graphisme, puis comme artiste 2D pour le studio Frima, tu as pris le chemin de l’illustration et de la bande dessinée. Pourquoi ?
L’illustration, pour moi, ça a toujours été une évidence. La bande dessinée a toujours fait partie de mon quotidien. À la maison, on était sept et, à la bibliothèque, on louait chacun dix bande dessinées par semaine. Disons qu’on avait beaucoup de bande dessinées ! (rires) J’ai appris à lire avec ça et ça a toujours été très valorisé chez nous.
Puis, je suis allée vers des études de graphisme parce que c’est ce qui se rapprochait le plus du dessin. Pendant mes cinq années chez Frima, j’ai commencé à faire de la bande dessinée sur Facebook, à développer mon propre portfolio et avoir mes propres clients, jusqu’à devenir travailleur autonome.
Est-ce que c’était aussi ton but, dès le départ, d’écrire des histoires en plus de les dessiner ?
Oui, vraiment. Même quand j’étais enfant, je faisais de la bande dessinée avec mon frère. Avec l’arrivée des blogs, dans les années 2000, j’ai facilement pu raconter mes petites anecdotes du quotidien. C’est quelque chose que je fais depuis vraiment longtemps.
Après C’est pas facile d’être une fille, j’ai reçu des propositions de collaborations en bande dessinée ; c’était super enrichissant. J’y allais avec des projets coups de cœur, des autrices avec qui j’avais envie de travailler, comme Ma vie avec un scientifique, que j’ai fait avec India Desjardins. Maintenant, j’ai vraiment plus envie de me pencher sur mes propres projets.
Le festival d’Angoulême
Au mois de janvier, plusieurs auteurs québécois se sont rendus au Festival d’Angoulême. Une dizaine d’auteurs de Québec ont participé au volet D’un océan à l’autre, qui présentait la bande dessinée canadienne. Pour Bach, se rendre au festival d’Angoulême était un rêve d’enfance, qui s’est transformé en objectif de carrière. Elle nous fait part de quelques réflexions qui ont émergé lors de cette visite.
À tes yeux, quelles difficultés perdurent dans le milieu de la bande dessinée pour les auteurs ?
Ce qui nous a beaucoup marqués, au festival d’Angoulême, c’est qu’il rassemble 200 000 personnes qui adorent la BD et aux yeux desquels notre métier n’a pas besoin d’être valorisé. Au Québec, on a quelques auteurs qui sont de plus en plus connus mais même là, ça reste quelque chose d’assez marginal. La plupart des gens vont penser que c’est un genre pour les enfants. Ou qu’une BD, ça n’est pas un vrai livre. Pourtant, c’est un milieu tellement riche ! Tout le monde peut y trouver son compte.
Pour découvrir le travail de Bach, consulter le lien suivant.
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