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 La mode et les boulevards urbains

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Par Martin Claveau

Je me méfie toujours un peu de la mode. Elle nous fait parfois faire des idioties. Comme porter ces trucs qui ne nous vont pas, mais qu’on met pour suivre la vague. Quand on regarde des photos de nous, des années plus tard, on se dit qu’on était donc bien niaiseux de porter ça. On réalise qu’on a dépensé des sous pour rien et qu’on est ensuite revenu à des vêtements qui nous seyaient mieux.

Je me fais encore prendre évidemment. Surtout quand ma fille me demande de lui acheter des leggings Lululemon faits au Viet Nam et prétend qu’ils sont de meilleure qualité que les autres, conçus au même endroit, qui coûtent deux fois moins cher. La mode ne devrait jamais dicter nos décisions, mais c’est difficile de résister car on a parfois envie de passer pour le meilleur papa du monde. Il y a des modes pour tout, les sports, les arts, les jouets, le sexe, les autos, etc. C’est pas des blagues, il y a même des modes pour l’urbanisme…

Ce qui m’amène à mon propos philosophique sur le boulevard urbain, que tout le monde réclame, sur Laurentien. Je me demande si nous ne sommes pas collectivement victimes de cette mode qui nous crie que de transformer les autoroutes en boulevards urbains est la solution à nos problèmes de GES.

Personnellement je perçois un effet de mode dans le phénomène. Est-ce que ça vaut la peine d’investir des milliards sur un changement qu’on pourrait regretter dans les années à venir, comme les leggings fuchsia de ma fille.

Je ne suis pas l’empereur dans Star Wars, mais j’entrevois le futur et les problèmes que ça créera sur une route qui draine 60 000 véhicules par jour. Pour y parvenir, il faudra abattre les viaducs, créer des intersections où il n’y en a pas, ajouter des feux de circulation. Sans oublier de créer des pistes cyclables et possiblement y faire passer un tramway ou un autre machin du genre.

Je me souviens du temps où Laurentien n’existait pas et où mes parents faisaient la file pour nous amener en ville par le pont Lavigueur. Je me dis que si on a fait une autoroute à cet endroit, c’était peut-être par nécessité. Aujourd’hui, je trouve ça étrange qu’on ne se questionne plus du tout sur son utilité.

Il y a quelques années, quand on a voulu prolonger le boulevard du Vallon (Robert Bourassa), on a fait le choix d’y aller pour un boulevard urbain. Ce faisant, on a décidé de ne pas construire de viaduc à la jonction du boulevard Lebourgneuf et de cette artère. Avec le recul, pas mal de monde concluent aujourd’hui que c’est quand même pratique un viaduc.  Aux dernières nouvelles on songeait même à en installer un à cet endroit. Comme quoi on regrette parfois d’avoir succombé à la mode, même celle des boulevards urbains.

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