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Il était une fois dans l’est

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Près de chez moi, il y a de la construction depuis 2 ans. Les rues sont éventrées. Il y a des tas de garnotte et des tuyaux d’égouts géants qui se retrouvent à ciel ouvert.  Leurs odeurs s’ajoutent aux effluves déplaisants de la papetière et de l’incinérateur sur lesquels tout le monde capote déjà. Il y a présence d’une boue limoneuse dans la rue, quand c’est humide, mais ça se transforme en poussière par temps sec. Ça doit bien faire cinq fois, ce printemps, que ma blonde lave la chaise où elle sirote parfois son verre de vin sur notre galerie. Des roulottes de construction sont installés aux coins des rues et on entend des alarmes de recul de poids lourds à longueur de journée. Certains voisins ont même droit à un bonus. Tout juste à côté de leurs fenêtres, il y a des génératrices au diésel qui fonctionnent 24h par jours 7 jours semaines depuis 2 mois pour assurer que la rivière de merde qui nous passe sous les pieds ne remonte pas à notre étage. Les stationnements sur rue se font rares dans tout ce bataclan et Il y a souvent des «pick-ups» de stationnés sur les espaces verts où les gens font courir leur chien d’habitude.

  Avec l’omniprésence du nickel qui se transborde pas trop loin, lorsque je ferme les yeux, ma foi, je pourrais presque jurer que je me trouve, près d’une de ces mines de terres rares, au-delà du 50e parallèle…

Mais, non, nous sommes bel et bien à Limoilou et ici, c’est la terre qui n’est pas déjà contaminée qui est rare.  Pourtant ça n’empêche personne de la remuer du matin au soir dans mon coin.

Le jour, il y a un signaleur qui m’oblige à faire un détour de 4 blocs à pied pour me rendre au bureau. Cet « état de siège » dure 4 jours par semaine de 7 h du matin à 7 h du soir. Le vendredi, comme par magie, tout ce beau monde est en congé et le shérif du coin de la rue n’y est pas, car il profite de sa convention collective. Le dédale de détours imposé aux automobilistes demeure cependant en place et les rend impatients. Souvent, ceux-ci s’aventurent, par dizaines, à l’envers, dans les sens uniques, faute de surveillance.  Je les comprends un peu, car, quand je dois sortir de chez moi en auto, je pratique, moi-aussi, mon plus beau langage eucharistique, quand je viraille dans tous ces détours qui se contredisent.

 J’ai toujours été profondément attaché à mon coin de ville, mais depuis l’an dernier, je suis sans argument devant l’évidence. Présentement, le secteur que j’habite avec ma famille, en bas de la 5e rue à Limoilou, est le pire endroit dans la région pour demeurer. 

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