Le projet de réaménagement du quartier nous réserve bien des surprises ! Alors que les travaux de voirie touchaient à leur fin, une découverte a interrompu le chantier : une fosse commune contenant les ossements d’au moins 23 individus sur la rue Saint-Anselme, à deux pas de l’Hôpital général de Québec. Caroline Parent, l’archéologue qui supervise le site, avance l’hypothèse que ces ossements pourraient être ceux de soldats britanniques ayant vécu au 18e siècle.
Par Juliet Nicolas
Coup de théâtre : alors que la Ville de Québec menait des travaux de voirie à proximité de l’hôpital général, une découverte a interrompu le chantier. Une équipe d’archéologues surveillaient de prés le site, au fort potentiel historique. Et pour cause ; le 22 mai dernier, la découverte d’ossements humains a interrompu le chantier. Les fouilles ont révélé une fosse commune de 3 sur 4 mètres. Elle abrite principalement des ossements d’hommes adultes, mais aussi, le squelette d’un enfant d’environ un an.
Hypothèse historique
Les archéologues pensent que ces ossements pourraient être ceux de soldats britanniques protestants, morts lors des batailles des Plaines d’Abraham ou de Sainte-Foy. En effet, conformément aux pratiques de l’époque, on inhumait les soldats protestants dans une fosse commune à l’extérieur du cimetière catholique.
Denis Robitaille, chargé de projet au monastère des Augustines de l’Hôpital général de Québec, rappelle que les religieuses ont conservé un registre mortuaire. On peut y lire la mention d’une fosse commune creusée au nord-est du cimetière de l’Hôpital général qui abritait les dépouilles des soldats britanniques, de confession protestante.
Des corps mutilés
Parmi les ossements, les archéologues ont identifiés des fractures perimortem et des traces d’amputations. Ces marques témoignent de la violence inouïe d’événements et des soins d’urgence prodigués à l’Hôpital général de Québec. Par ailleurs, le positionnement aléatoire des individus et l’absence d’artefact suggère un enterrement sans linceul et à la hâte. Cela illustre l’urgence de la situation de l’époque et le nombre conséquent de décès.
Selon les archives, plus de 1000 blessés auraient été soignés en même temps au sein de l’Hôpital général. Rappelant ainsi le rôle crucial des Augustines qui soignaient les combattants sans distinction de camp lors de la Guerre de la Conquête.« Il n’y a pas eu tant d’événements au 18e siècle aussi importants que celui de la conquête, générant autant de blessés et de morts. C’est vraiment important pour l’histoire nationale », a expliqué Mme Parent, lors de la visite du site.
Analyses approfondies
Les fouilles, très minutieuses, se poursuivent dans les prochaines semaines. L’objectif étant de s’assurer que d’autres ossements ou fosses ne se trouvent pas dans le secteur. Ces recherches sont indispensables avant de poursuivre les travaux de réaménagements.
Par la suite, les os vont être prélevés et analysés en laboratoire. On pourra ainsi estimer l’âge exact et la taille des individus, et déterminer les pathologies ou blessures. Des analyses isotopiques et ADN permettront de connaître l’origine des individus et leur environnement.
De plus, les sédiments prélevés fourniront également des informations précises sur le niveau d’hygiène de l’époque. On peut même apprendre des détails fascinants, comme le dernier repas des défunts. « Il y a des éléments comme les graines qui ne se décomposent pas et qui ne sont pas digérées. S’il y a un bon niveau de conservation, on peut toujours les retrouver dans le sol et les étudier », a conclu Mme Parent. Par ailleurs, par respect pour les défunts, les ossements seront à nouveau inhumés dignement.
Cette découverte offre un aperçu précieux de l’histoire militaire et sociale de Québec au 18e siècle. En outre, les analyses futures promettent de révéler encore plus de détails fascinants sur cette période.
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