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Miel de Montagne au FEQ : rencontre avec un artiste aussi sincère que déjanté !

Miel de Montagne lors de son concert au FEQ 2024 (Crédit photo: Philippe Moussette)

Miel de Montagne, c’est un shot de vitamines et de sincérité affranchi de toutes conventions. Entrevue avec Milan Kanche, de son vrai nom, juste avant sa montée sur la scène de Loto-Québec.

Par Juliet Nicolas

Le FEQ c’est ton troisième festival au Québec, comment as tu été accueilli par le public de ce côté de l’atlantique ?

Très bien ! En plus, on a bien profité de Montréal pendant 15 jours. On s’est bien imprégné du pays. Et je suis très content de revenir jouer ici à Québec City. Je ne connais pas ce festival, mais je n’ai jamais été déçu par les Québécois !

La dernière fois que tu es venu à Québec city c’était à l’Anti Bar en novembre dernier, une anecdote ?

Le concert était vraiment bien ! Et spéciale dédicace à Carl qui nous a accueillis et qui nous a amenés dans un speakeasy. Bon par contre j’ai pris une énorme cuite et après j’ai eu la grippe. Ça a dû affaiblir le peu de cellules protectrices restantes (rire). J’avais un concert à Los Angeles juste après en plus, mais il n’y aura pas d’embrouille cette fois-ci. 

Comment ça a débuté pour toi la musique ?

Écoute, j’ai toujours fait de la musique et je vais continuer à en faire tous les jours. Et voilà ce qui m’a amené ici aujourd’hui (rire). Mon père est un parolier, donc j’ai baigné dans la musique depuis tout petit. J’ai toujours eu de la musique autour de moi. Ça a dû m’influencer quelque part, ça c’est sûr. 

Et est-ce que tu peux nous raconter l’histoire derrière le nom : Miel de Montagne ? 

La vraie histoire, je la raconte jamais parce qu’elle est trop longue (rire). Pareil, j’étais re-malade et je devais trouver un nom de rappeur, de beatmaker. J’avais 21 ans et j’hébergeais un pote qui faisait tout le temps du rap à toutes les soirées. Donc je lui ai dit :« viens, on l’enregistre ».  J’ai fait une instru’ de hip-hop, chose que je ne n’avais jamais faite auparavant mais je me suis chauffé. Mon pote, il s’appelait Bon Karma, et moi il fallait que je me trouve un blaze ! J’avais un pot de miel qui était devant moi parce que j’avais une vieille angine. J’ai pris le pot de miel fait par mon oncle, du bon miel bio et tout et j’ai dit : « vas-y je m’appelle Miel de Montagne »  et le jour où j’ai sorti mes premiers morceaux, j’ai repris ce blaze ! Voilà l’histoire.. 

Comment ça se passe pour toi la création d’un album ? A quoi ça ressemble ? 

Il faut absolument rien foutre et se mettre en mode vacances, et ça, plus tu vieillis, plus c’est difficile. La société te rend coupable de ne rien faire et même tes proches.  Donc il faut trouver cette zone de non-culpabilité, de absolument rien foutre pour t’émerveiller du monde. Et en soi, là, c’est ce que j’ai fait à Montréal. Et j’étais assez fier de moi.

Mais c’est vrai qu’il y a un moment où il faut arrêter les réseaux, arrêter de cogiter, couper un peu avec les mails, couper tout ça. Et parfois, c’est assez compliqué.  Mais ça, déjà, c’est les prémices pour t’ouvrir au monde, écouter tes émotions. Et essayer de faire une petite introspection sur ce que t’as envie de dire. Et souvent, les idées, elles arrivent en deux secondes. Mais c’est un privilège incroyable. 

Donc le confinement, c’était idéal pour la création ? 

Oui le confinement, c’était incroyable. Bon un moment tu tournes en rond quand même. Mais quand tu coupes vraiment, tout est source d’improvisation et tu joues un peu avec le monde qui t’entoure. C’est un peu un retour à l’enfance où on te donne un bout de bois et tu t’imagines des choses.  Et ça je ne sais même pas s’il y a des gens qui font encore ça, de la nouvelle génération avec les réseaux et tout. Et même moi aujourd’hui je galère … faut que je coupe vraiment pour ressentir le truc. Mais au final, pour couper les réseaux, j’ai quand même trouvé un bon moyen : c’est de faire la fête (rire).

Parce que tu rencontres plein de gens, t’écoutes plein d’histoires, t’emmagasine plein d’informations. Et quand tu te retrouves tout seul, que t’es fatigué, un peu dans les vapes et que tu reprends soin de toi. Là, à ce moment- là, il y a des trucs qui se passent. 

Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton personnage Mielo

J’aimerais bien développer ce personnage plus que des pochettes d’album ou projeter sur des écrans. Pour l’instant, il est là, mais pas assez présent à mon goût. Mais il reste là. En fait, ça pourrait devenir un alter ego. Un peu genre moi en extraterrestre, enfin c’est-à-dire que via Mielo je peux me positionner comme un extraterrestre. Parfois j’ai un peu l’impression d’être ce Mielo dans le monde qui m’entoure.

Puis en fait ça me guide, c’est-à dire que dès que je dois avoir un visuel, du merch, je vais dessiner ce Monsieur Montagne. D’un coup, je retrouve un peu cette ambiance comme quand j’étais petit que je dessinais des monstres ou quoi, en fait tout de suite tu sors du réel et avec ton dessin tu peux faire n’importe quoi et ça aura du sens. Puis c’est un peu une respiration dans mon projet musical, quand j’en ai marre de faire de la musique, je dessine. Peut-être qu’il faudrait que je fasse des BD ou de l’animation pour lui donner un peu plus de vie. 

Il y a eu une transition de l’électronique vers plus acoustique au fil du temps dans ta musique. Avec notamment moins d’effets sur ta voix. Peux-tu nous en dire plus ?

Oui il y a eu cette transition, mais c’est fini ce temps-là (rire). On revient à la base en ce moment.  En fait c’est-à-dire qu’avec le deuxième album j’ai ajouté des instruments que j’ai joués et enregistrés chez moi à la campagne et c’était très bien. Il y avait un côté beaucoup plus acoustique effectivement.  Et pareil ma voix, j’ai bossé avec un mixeur plus âgé qui m’a fait assumer ma voix telle qu’elle était. Ca m’a fait trop du bien et je suis trop fier de cet album mais là  je reviens un peu à mes premiers émois de Miel de Montagne. C’est à dire ; peu de mots et un son assez électronique. Maintenant je peux jouer avec les choses que j’aime du premier album et ce que j’aime du second album, pour essayer d’en faire un troisième ! J’essaie de suivre mon instinct. 

FEQ 2024 (Crédit photo : Juliet Nicolas)

Et d’ailleurs ton troisième album, il est prévu pour quand ? 

Ça j’aimerais bien le savoir ! Mais je fais plein de son là en ce moment et il y en a beaucoup qui se dessinent. Disons que j’ai le squelette du troisième album mais j’ai encore plein de questionnements. Je travaille beaucoup sur les textes en ce moment, je pense que les textes vont définir les morceaux et après ça va aller vite.  Mais pour l’instant je suis encore dans cette espèce de marécage de son (rire). 

Peut-être que ton passage au Québec va t’inspirer ?

Oui, ça m’a fait du bien en plus parce que j’ai collaboré avec quelques artistes d’ici et fait des sessions en studio avec d’autres personnes qui ont d’autres façons de travailler. C’est toujours inspirant et ça fait du bien de partager de la musique aussi. Parce qu’en faisant mon projet tout seul, il y a plein d’atouts à ça parce que tu peux choisir ce que tu veux faire. Mais parfois tu te sens un peu seul et ça fait du bien de repartager dans la création.

Donc à voir, peut être collaborer à nouveau avec des artistes québécois. Mais pour l’instant rien de concret… Mais ça me ferait plaisir en tout cas d’aller sur le continent américain. De m’ouvrir à un monde qui peut-être me ressemble un peu plus aussi en termes de flow et de liberté. 

Est-ce que tu peux nous parler de tes duos avec Philippe Katerine et Jacques ? On sent une alchimie très forte.

Avec Philippe, on se croise et on se suit et c’est trop bien. C’est une personnalité rassurante dans la musique française. S’il n’était pas là, ce serait plus triste en tout cas. Donc ça, ça me rassure qu’il soit là en fait. Et Jacques, c’est un vieux pote qui est là depuis le début. On se voit rarement mais quand on se voit c’est toujours sympa et on se file un peu des tips

On était au Maroc quand on a fait le morceau Le Tuto. Pareil, j’étais vraiment en vacances et ce morceau qui est sorti on l’a fait. On s’est dit : « vas-y on essaye » . Et ça l’a fait, on l’a joué quelques fois sur scène, mais là il est reparti avec son live solo.

T’es réputé pour mettre le feu sur scène, on voit que t’aimes ça, est-ce que ça a toujours été évident pour toi de faire de la scène ? 

Oui, j’ai toujours fait de la musique pour faire de la scène. Pour moi, tous les concerts ont exactement la même importance, j’y vais de la même façon et je donne tout.

Maintenant je commence à aimer le studio mais en vrai…rien ne remplace la scène. Je pense que j’en suis venu à apprécier à nouveau le studio après cette énorme tournée que j’ai faite l’année dernière. Comme n’importe qui en fait, quand t’arrives à 120 dates dans l’année, t’es un peu en bout de course et t’as un envie de faire autre chose.

Avec la tournée américaine, c’était une date par jour, dans une ville différente, mais les villes sont à 5 heures d’avion entre elles.  Au bout de la cinquième date d’affilée, tu ne vas pas prendre des shots de vodka ! Puis il n’y a rien de mieux que de faire des nouveaux morceaux et de les jouer sur scène après. C’est juste la finalité du projet. 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour l’avenir ? 

Souhaitez-moi, comme je vous le souhaite, que du bonheur. Moins d’anxiété aussi, parce que j’avoue je suis un peu anxieux, et je pense que c’est à cause de ce qui passe en France en ce moment.. Il faut vraiment essayer de trouver le bon équilibre au milieu de toutes ces choses anxiogènes qui nous entourent. Je suis vraiment dans cette phase de « qu’est-ce que je peux tirer de meilleur de chaque truc ? »  

Pour en savoir plus sur Miel de Montagne, consulter le lien

FEQ 2024 (Crédit photo : Juliet Nicolas)

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