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Les beaux dimanches de Limoilou sud

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Un dimanche matin, de début de mois récent, je sors de chez moi, dans le sud de Limoilou, pour aller faire mon jogging. Endormi que je suis, je ne barre pas ma porte, car je n’aime pas trainer mes clefs en courant.  À peine ai-je quitté mon domicile, où dorment paisiblement ma blonde et ma fille, que je commence à écouter le podcast, «Tellement hockey » de Radio Canada, pour apprendre qui diable est le fameux Lane Hutson.

Une chronique de Martin Claveau

En tournant sur la rue Hedleyville, j’aperçois un grand type qui est visiblement sous l’effet d’une substance n’ayant rien à voir avec du vin de messe. Le gars vocifère en utilisant, justement, son plus beau langage eucharistique. Ne cherchant pas les embrouilles, je change de côté afin de l’éviter. Je me dirige ensuite vers le parc Iberville et je me dis que je risque probablement de l’y retrouver plus tard…

Arrivé au parc, je fais des exercices sur les barres de jeux pour enfants.  Toujours pas de trace de mon énergumène et je poursuis ma trotte sur le bord de la rivière alors que les feuilles tombent poétiquement en ce matin d’automne. Puis, je marche, pour revenir tranquillement chez moi, apaisé par ma course.

Mon téléphone sonne alors, brusquement, interrompant cette belle zénitude. C’est ma blonde, qui est très énervée, ce qui n’est pas dans ses habitudes.

Il y a un gars, ben magané, qui est rentré dans la maison pendant qu’on dormait. J’ai réussi à le repousser dehors, mais il est encore devant la porte et gueule à tue-tête. Pourrais-tu t’en venir? Béatrice a très peur et moi aussi.

Et comment que je m’en viens et que je reprends ma course à un rythme dont je me croyais, à ce jour, incapable et que ma blonde appelle la police.

Je me dis que ça doit être le même gars que j’ai vu plus tôt. Pourtant, il ne pouvait pas savoir d’où je venais.  Il a dû essayer toutes les portes de la rue pour finalement tomber sur la seule qui était débarrée: la nôtre. Je m’en veux d’avoir volontairement omis de la barrer…

Quand j’arrive, ma fille est en pleur, mais ma blonde est en contrôle et le gars, complètement déphasé, est couché sur le terrain du voisin. Je rappelle la police pour leur signaler qu’il est encore là et je les vois arriver à l’instant d’après. Ils l’interpellent et ce dernier ne résiste aucunement car il est plutôt comateux. Puis les gentils policiers nous demandent si nous désirons porter plainte, mais nous expliquent aussi que ça ne donne pas grand-chose. À la suite de cette recommandation avisée, nous abandonnons le projet. Le gars en sera quand même quitte pour un réveil et un séjour de quelques heures en cellule.

 Non mais quel beau dimanche matin ai-je fais subir à ma famille quand même! Tout ça à cause d’une porte laissée débarrée négligemment de ma part. Je m’en veux, mais ma blonde ne m’en tient pas rigueur. Elle m’explique plutôt comment elle a pris son courage à une main et gardé l’autre pour pousser le « motté » dehors en profitant, habilement, d’un moment d’inattention. Un excellent réflexe de sa part et je suis extrêmement fier d’elle. 

 N’empêche que je me demande depuis ce qui aurait pu arriver si le gars avait été encore dans son « high ».

 Morale de ce beau fabliau urbain, on cherche de plus en plus quels sont les avantages de demeurer à Limoilou. L’air y est vicié, les rues sont toujours en chantier, on a de la misère à se déplacer et voilà maintenant, que des « poqués» de la vie entrent chez nous endimanchés.  Ça fait des années, que ma fille nous suggère de déménager en banlieue. J’admets que, cette fois, je vais peut-être commencer à y songer…

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