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Disgrâce : une œuvre puissante et contemporaine

Gabriel Fournier dans le rôle de Thomas, l'accusé. (Crédit photo : David Mendoza Hélaine)

Disgrâce, présentée pour la seconde fois au théâtre Premier Acte est une œuvre marquante, qui aborde avec justesse et force les réalités de notre société, sublimée par une exécution magistrale.

Par Juliet Nicolas

Écrite par Nadia Girard Eddahia et mise en scène par Gabriel Cloutier Tremblay, cette pièce plonge les spectateurs au cœur d’une histoire aussi déchirante que réaliste. La pièce est inspirée des conditions de libération de Jian Ghomeshi, ancien animateur radio canadien accusé de multiples agressions sexuelles. Elle met ainsi en lumière la zone grise entre morale et système judiciaire. Elle y aborde également les dynamiques familiales tendues, explore les luttes internes qui se développent lorsque des scandales éclatent et ravissent la machine médiatique.

Le personnage principal, Thomas, est un homme influent et séduisant ayant fait carrière dans les médias. . Accusé par plusieurs femmes d’agressions sexuelles, il se retrouve contraint de vivre chez sa mère pour éviter la prison en attendant son procès. Cette cohabitation dévoile une facette complexe et troublante de sa psyché humaine.

Marie-Ginette Guay incarne la mère de Thomas (Crédit photo : David Mendoza Hélaine)

Des performances justes et intenses

La distribution, composée de Frédérique Bradet, Gabriel Fournier et Marie-Ginette Guay, offre des performances remarquables. Marie-Ginette Guay incarne une mère chamboulée du retour d’un fils qu’elle avait perdu de vue depuis son ascension médiatique. Son interprétation lui a d’ailleurs valu le Prix d’interprétation féminine de l’AQCT en 2022. Gabriel Fournier, en « Tom-Tom », crée un personnage complexe, capturant parfaitement les contradictions de cet homme accusé. Frédérique Bradet, dans le rôle de l’avocate acharnée, apporte également une intensité palpable à chaque scène.

Thomas joué par Gabriel Fournier et son avocate jouée par Frédérique Bradet. (Crédit photo : David Mendoza Hélaine)

Immersion et tension scénique

La mise en scène de Gabriel Cloutier Tremblay, combinée à une scénographie bi-frontale, crée une immersion totale pour le public, qui se sent partie intégrante de l’histoire. Ce choix scénique judicieux accentue le sentiment de voyeurisme et d’intrusion dans la vie des personnages. Ainsi, la dimension insidieuse de l’histoire est renforcée, dévoilant progressivement le véritable visage de Thomas.

De plus, les effets sonores et les éclairages de Marie-Pier Faucher-Bégin amplifient la tension et accentuent les moments de confrontation et de révélation. Par exemple, l’étrange séquence de danse entre la mère et son fils, sur une version déformée du titre « Daddy Cool », plonge les spectateurs au cœur de l’intrigue et du malaise des personnages.

« Tes bruits de machine, ton tapis, toi qui respires, ça ressemble à des grognements. Je veux plus entendre ça. J’ai l’impression qu’il y a un monstre qui vit dans mon sous-sol. » 

– La mère

Une résonance avec la réalité

Disgrâce est une pièce qui résonne puissamment avec les réalités contemporaines. En effet, elle expose sans détour les mécanismes de défense, les dénis et les révélations qui se manifestent au sein des familles touchées par de tels scandales. De plus, la brutalité des échanges et la dureté des vérités dévoilées sont saisissantes de réalité.

Disgrâce offre donc une expérience théâtrale intense et émouvante, faisant écho aux réalités de notre société. Cette pièce puissante incite à une réflexion profonde et nécessaire sur des thèmes douloureusement actuels.

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