À propos de Sciences Po 101 et d’insoumission

Chronique – Sciences Po 101 : traité d’insoumission à l’usage du vrai monde, est une proposition à la croisée du documentaire et du spectacle théâtral, qui invite son audience à questionner son sentiment d’impuissance et sa place dans la société face au système politique actuel.

Par Estelle Lévêque

Sciences Po 101 : traité d’insoumission à l’usage du vrai monde est la nouvelle création de l’auteure Catherine Dorion, accompagnée de l’acteur-créateur Vincent Massé-Gagné et du metteur en scène Alexandre Fecteau. Depuis que ce projet se dévoile, le nom de l’ex-députée de Tachereau est de nouveau mis de l’avant.

Pour ma part, il y a moins de deux ans, je ne savais pas qui était Catherine Dorion. Disons que mes connaissances à son sujet se résumaient à cette phrase d’un ami m’affirmant que « Québec, c’est tout petit ; tout le monde a déjà croisé Catherine Dorion au moins une fois à Limoilou ». Quelques semaines avant la première de son nouveau spectacle, je l’ai rencontrée en entrevue, pour Le Carrefour de Québec, au café Nektar de la 3e Avenue. J’ai pensé : « ça y est, moi aussi j’ai croisé Catherine Dorion à Limoilou ».

À propos de qui ?

Aussi, au-delà des évidentes recherches effectuées pour mon article au sujet de sa nouvelle œuvre, je me suis efforcée de ne pas trop lire à son sujet. De ne pas trop écouter, non plus, l’avis à son égard de ceux à qui je mentionnais que j’allais découvrir sa pièce au Grand Théâtre de Québec. C’est donc avec assez peu d’a priori au sujet de l’auteure-ex-politicienne-artiste-personnalité-publique qu’est Catherine Dorion que je me suis installée, hier soir, dans un siège de la salle Octave-Crémazie.

Il est vrai que Sciences Po 101 : traité d’insoumission à l’usage du vrai monde évoque à plusieurs reprises l’expérience politique de Catherine Dorion et Vincent Massé-Gagné. Pour autant, est-ce réellement ce qu’il faut en retenir ? Car, finalement, ce que l’on pense, ou non, de Catherine Dorion importe assez peu. Dans ce spectacle -quoi qu’en disent ceux qui crieront au narcissisme de l’artiste- ce n’est pas d’elle, dont on nous parle, foncièrement. Mais bien de chacun d’entre nous.

Collectif et individuel

Car l’intention touche à ce qui nous meut, collectivement. Pour insuffler ce mouvement, comme souvent quand on s’attaque au collectif, la pièce creuse dans l’individuel. Ainsi, sur scène, l’actrice et l’acteur nous parlent à cœur ouvert. On plonge dans les doutes, les peurs, la paralysie que chacun peut ressentir face à un système écrasant. Aussi, la pièce touche à quelque chose de profond ; parce qu’elle nous livre une réflexion nuancée, où la conscience des aléas de l’espoir ne se cache pas. On l’admet : d’un jour à l’autre, l’espoir et les convictions peuvent laisser place au regard brouillé, aux mains paralysées.

Pourtant, de fil en aiguille, la pièce nous invite à attraper -lorsqu’elle se présente- la force de nos convictions, et à la transformer pas à pas en actions. Dans une salle de théâtre, où s’exprimer au cœur d’une foule peut paraître plus qu’intimidant, le spectacle arrive à faire entendre des voix, simplement, sans jugement.

Au terme d’un peu moins de deux heures de spectacle, de discussion, de confession et de méditation, le spectacle nous laisse avec l’envie d’être un peu plus vrai, un peu plus ancré dans ce qui nous fait du bien, dans ce qui nous anime. On ressort de là avec l’envie d’un peu moins scroller, se renfermer, baisser les bras. Et d’un peu plus se lever, s’écouter, agir. Sciences Po 101 : traité d’insoumission à l’usage du vrai monde s’adresse à cette petite part de chacun de nous qui peut changer les choses, à son échelle.

Sciences Po 101. Traité d’insoumission à l’usage du vrai monde est au Grand Théâtre de Québec du 18 au 20 février 2025. Des supplémentaires ont été annoncées pour les 21 et 22 octobre 2025.