À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, une table ronde intitulée « Femmes et politique » a été organisée par Premier Acte. Cet événement, a réuni des figures influentes telles que Patricia Boudreault-Bruyère, Agnès Maltais, Julie Vignola et Esther Lapointe. L’objectif étant de discuter des changements nécessaires pour encourager davantage de femmes à s’impliquer en politique. Mais également de souligner l’importance de rester vigilants face aux reculs possibles des droits des femmes.
Par Juliet Nicolas
En 2024, 34,4 % des élus au niveau provincial et fédéral sont des femmes, et elles représentent 46,4 % des membres de l’Assemblée nationale. Bien que ces chiffres soient encourageants, il est crucial de continuer à œuvrer pour une représentation équitable et durable des femmes en politique. Elles doivent non seulement être présentes, mais aussi rester et s’épanouir dans ce domaine.
Les obstacles à surmonter
Plusieurs obstacles freinent encore la participation des femmes en politique. Parmi eux, la conciliation travail-famille, le manque de confiance en soi et une culture politique souvent perçue comme masculine, valorisant la force, la confrontation et les jeux de pouvoir. Durant cette discussion, Esther Lapointe, directrice générale du Groupe Femmes Politique et Démocratie a également souligné que les femmes quittent plus rapidement la politique lorsqu’elles ne se sentent plus à la hauteur, alors même qu’elles ont des chances d’être réélues. Ce sentiment “d’inutilité” peut les pousser à abandonner leur engagement politique malgré leur potentiel et leurs compétences.
Julie Vignola députée de Beauport-Limoilou a d’ailleurs partagé son expérience personnelle, expliquant comment elle a dû surmonter ses doutes et croire en ses capacités pour s’impliquer en politique.
« “Tu peux être une bonne mère ou une bonne députée mais certainement pas les deux.” Voilà ce qu’on a pu me dire quand j’ai commencé en politique. »
Encourager les femmes à s’engager en politique : des solutions concrètes
Pour inciter davantage de femmes à s’engager en politique, plusieurs pistes ont été explorées lors de cet événement. La loi sur la parité a été évidemment mise sur la table. Cette loi vise à instaurer une parité stricte entre les sexes dans les instances politiques, en imposant des quotas.
Cependant, malgré les discussions et les propositions, cette loi fait débat depuis plusieurs années au Québec. Les raisons de ce retard sont multiples : résistances politiques, débats sur l’efficacité des quotas et préoccupations concernant la mise en œuvre pratique de la loi. Certains estiment que les quotas pourraient être perçus comme une mesure artificielle. Que la parité devrait être atteinte de manière naturelle. Tandis que d’autres, soutiennent que les quotas sont nécessaires pour accélérer le processus et garantir une représentation équitable des femmes en politique.
Une politique inclusive
Il est également essentiel de réorganiser les pratiques au sein des municipalités afin de rendre la politique plus inclusive. En offrant davantage de flexibilité et en mettant en place des mesures adaptées aux réalités des parents, les municipalités peuvent mieux répondre à leurs besoins spécifiques. Notamment en matière de conciliation travail-famille. Ainsi, des infrastructures de soutien—comme des garderies et des salles d’allaitement—sont indispensables pour permettre aux élus de s’engager pleinement en politique sans compromettre leur vie personnelle.
Par exemple, depuis 2023, les député·e·s et le personnel de l’Assemblée nationale bénéficient d’une halte-garderie pour leurs enfants. Un projet qui a mis plus de 20 ans à se concrétiser et qui doit beaucoup à la persévérance des femmes parlementaires. Toutefois, il reste urgent de renforcer ces dispositifs afin de soutenir l’engagement de tous les élu·e·s.
Réformer le mode de scrutin pour une meilleure représentation
Les participantes ont également discuté de la réforme du mode de scrutin. Cette réforme vise à remplacer le mode de scrutin uninominal par un mode de scrutin proportionnel. Cela pourrait favoriser une représentation plus équitable des femmes en politique. Ce mode de scrutin permettrait une meilleure représentation des minorités et des groupes sous-représentés, y compris les femmes. Cependant, cette proposition suscite des craintes quant à la formation de gouvernements minoritaires. Pour le moment, la réforme du mode de scrutin est à donc l’arrêt.
De plus, le mentorat et le soutien entre femmes sont également essentiels pour surmonter les défis et les aider à s’épanouir dans leur carrière politique. Les participants ont ainsi mentionné le club Les Elles du pouvoir, fondé le 5 juin 2019. Ce club politique féminin est destiné aux aspirantes candidates, aux candidates, au personnel politique, aux élues et ex-élues ainsi qu’aux militantes des différents partis. Il a pour but de réunir ces femmes afin d’échanger, en toute confidentialité, sur la pratique de la politique et sur le pouvoir.
Le rôle des médias
D’une part, leur vigilance force les partis à investir des candidates compétentes. Ce qui contribue à faire disparaître progressivement le stéréotype de la “femme poteau”. Cette image réductrice qui cantonne la femme politique à un rôle symbolique, sans véritable engagement.
De l’autre, ils appliquent parfois des standards différents aux femmes, en se concentrant davantage sur leur apparence et leurs émotions. Cette double norme peut nuire à la perception des femmes en politique et les décourager de s’engager. Il est donc essentiel de sensibiliser les médias à l’importance de traiter les femmes politiques de manière équitable. Ainsi que de mettre en avant leurs compétences et leurs réalisations plutôt que leur apparence.
L’importance de rester vigilants
Malgré les progrès réalisés, il est crucial de rester vigilant·e·s face aux reculs possibles des droits des femmes. Ce qui se passe actuellement aux États-Unis en est un exemple frappant. Les droits acquis peuvent être bafoués, et il est essentiel de continuer à se mobiliser pour protéger et promouvoir les droits des femmes.
La table ronde Femmes et politique a permis de mettre en lumière les défis et les solutions pour encourager davantage de femmes à s’impliquer en politique. En écho à la pièce Portes closes, qui dénonce les incohérences et inégalités au sein des partis politiques.
Ensemble, nous pouvons créer un avenir où les femmes occupent pleinement leur place en politique et contribuent à façonner un monde plus juste et égalitaire.
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